OÙ VA LE SWIPE ?
4/5 des utilisateurs de services de rencontre en ligne déclarent être insatisfaits de leur expérience actuelle.
Une étude européenne menée par YouGov pour l’application de rencontres Once affirme que 83% des utilisateurs d’applis de rencontre sont insatisfaits de leur expérience actuelle sur les applis.
Une révélation choc et paradoxale à l’heure où les applications de rencontres sont plus incontournables que jamais. La déferlante d’applications qui ont envahi les smartphones des célibataires ces dernières années promettent de faire des rencontres en quelques swipes. Comme Sharon Stone ou Brad Pitt, qui eux aussi cherchent visiblement l’amour sur une appli, l’époque veut que nous nous rencontrions parmi l’offre pléthorique de profils que l’on peut faire défiler sur son écran. En 2037 on estime ainsi que la moitié des naissances seront le fruit d’une rencontre faite sur un site ou une app. de rencontres1.
Les griefs contre les services de rencontre sont multiples, mais les 3 premières raisons citées dans l’ordre sont les attitudes décevantes des utilisateurs, l’agressivité perçue des échanges, et l’inefficacité/ perte de temps induite par ces services.
50% DES FEMMES CONFIENT AVOIR DÉJÀ REÇU UN CONTENU EXPLICITE NON SOLLICITÉ
Utiliser des services de rencontres est une évidence, pourtant ces derniers ont banalisé des comportements qualifiés comme agressifs ou dérangeants par les utilisateurs, comportements qui ont explosé notamment chez les 18-35 ans.
Ainsi, 50% des femmes confient avoir déjà reçu un contenu explicite non sollicité (nus, “dickpics”, contenu à caractère sexuel, etc.) sur leur application de rencontres quand seulement 22% des hommes déclarent avoir été exposés à ce type de contenu. Les hommes ne sont que 11% à avouer avoir envoyé ce type de contenu de manière non sollicitée, cette proportion s’élève à 7% chez les femmes.
Dans la même veine, en France 34% des utilisateurs des services de rencontre estiment avoir déjà reçu des messages agressifs (messages insistants, insultes, menace, ect). Quand on creuse, ce sont 49% de femmes qui sont concernées contre seulement 21% des hommes, soit près de 2.5 fois moins.
“ Ce n’est pas un effet nouveau, derrière un écran, les comportements sont désinhibés, on éprouve moins d’empathie, on peut être anonyme. Et l’effet “hypermarché” de la plupart des applis de rencontre renforce encore ce sentiment d’impunité. La conséquence assez naturelle, c’est que les échanges sont souvent très bruts sur les applis, voire violents.” souligne Clémentine Lalande, CEO de l’application Once.
Aujourd’hui, l’application dénonce la médiocrité d’un certain dating trop compulsif et souvent peu respectueux.
JE SWIPE ET JE ZAPPE
Même s’ils s’avouent insatisfaits, 67% célibataires passent jusqu’à 4h par semaine à swiper et chatter sur leur application de rencontres préférée. C’est un temps assez colossal qui reste stable depuis 20182 et prouve que l’usage des applis de rencontre est toujours aussi intense.
Par contre l’effet zapping s’accélère. Le temps passé à étudier un profil et à décider si cette personne nous plait est de plus en plus court. En effet, 60% des utilisateurs prennent moins de 30 secondes pour décider si un profil leur plait ou pas. Ils étaient 50% en 20182 à étudier un profil en moins de 30 secondes. Le zapping s’est intensifié face au nombre infini de profils et d’applications.
Ces messieurs restent les plus gros consommateurs de profils puisqu’ils sont 15% chez les 18-35 ans à swiper de 100 à 1000 profils par semaine quand seulement 3% de leurs homologues du sexe opposé sont dans cette frénésie de swipe.
Catherine Lejealle, sociologue et chercheure à l’ISC Paris associe ces débordements et frénésie de consommation aux codes nés avec les réseaux sociaux. “Aujourd’hui, on doit respecter une représentation sociale. On vit dans un mouvement perpétuel d’agitation. Avec une application en trois minutes, tu trouves quelqu’un de disponible pour une relation sexuelle, sur ton téléphone.”3
Autre explication, notamment sur les applis ou sites de rencontres estampillés plus “sérieux” : le “FOBO” ambiant, sur lequel surfent tous les acteurs du marché. Le phénomène de la “Fear Of a Better Option” nous pousse à continuer de swiper pour voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.
L’application de rencontres s’est installée durablement dans les usages sociaux, il est donc intéressant de réfléchir à la façon d’améliorer cette expérience où faire des rencontres redevient une expérience plaisante et non course d’obstacles.
RALENTIR : POUR DES RENCONTRES SEREINES ET QUALITATIVES
Dans tout ça, où sont les belles histoires ? Est-il de plus en plus périlleux de trouver la bonne personne dans un univers digital saturé et sans barrières ?
Malgré tout, les Français gardent espoir puisqu’ils sont encore 47% à espérer trouver un partenaire long terme en ligne, et ils sont plus confiants que leurs voisins européens, notamment que les Italiens (37%) ou les Allemands (36%). Les célibataires ont donc bien espoir s’appuyer sur la facilité du digital pour générer de belles rencontres.
Ralentir, c’est que propose le mouvement du slow dating. A l’image de la tendance slow qui envahit le quotidien de nombreux français qui cherchent une mode plus responsable (slow fashion), des restaurants locavores qui suivent le rythme des saisons (slow food) ou encore des cosmétiques “sans”, le slow dating s’affirme comme une voie alternative. En favorisant la qualité vs. la quantité on prend le temps de mériter de belles histoires.
“Pour nous cette étude explique qu’on a tous besoin d’une détox de swipe. Il nous est assez insupportable de penser que pour faire une belle rencontre, on soit aujourd’hui obligé.e.s de supporter des choses dégradantes ou humiliantes. Alors que c’est tellement précieux de faire une belle rencontre.” commente Clémentine Lalande, CEO de Once. “ Il faut les bonnes conditions pour faire naître l’étincelle et l’émotion du début. Notre vision, c’est que ça commence nécessairement par moins de volume, moins de monde, moins de sollicitations, pour se concentrer sur la rencontre.”
Sauf indication contraire les chiffres les chiffres cités ci-dessus sont le résultat d’une étude menée par YouGov Plc pour Once auprès de 4 076 personnes de plus de 18 ans en France, Allemagne et Italie entre le 14 au 16 janvier 2020.
1.Etude EHarmony Novembre 2019 – 2.Etue YouGov pour Once Septembre 2018